accoucher à Noël
Un 23 décembre, Jennifer est réveillée par une énorme contraction qui la laisse le souffle coupé. © Дарья Рублева/Pexels

Témoignage: “J’ai accouché au pied du sapin!”

Enceinte de son cinquième enfant, Jennifer a vécu une naissance précipitée qu’elle n’est pas près d’oublier: Liam, qui fêtera bientôt ses 5 ans, sera pour toujours son plus beau cadeau de Noël!

De bout en bout, la venue de Liam aura été une surprise! Remontons en effet quelques années en arrière: nous sommes le jour de Pâques et Jennifer, 33 ans, sous contraception, découvre avec stupeur que son test de grossesse est positif. Elle et son mari, David, sont déjà parents d’une belle famille recomposée de quatre garçons de 17, 16, 12 et 9 ans, et l’idée d’un petit dernier n’est pas du tout au programme… “Sur le coup, nous avons vraiment été choqués, nous raconte-t-elle. Nous avions déjà eu un enfant ensemble et notre famille nous paraissait complète. Tout de suite, des questions et craintes ont jailli: avions-nous la maison, la voiture et les finances adaptées? David a mis plus de temps que moi à encaisser la nouvelle, mais une fois passée l’inquiétude, la joie a tout balayé”.

Comme une première grossesse

La grossesse ne se révèle pas pour autant facile à vivre. Alors qu’elle est aguerrie, Jennifer accueille mal les changements de son corps. Elle doit aussi faire face à un stress inexpliqué alors que tout va bien concernant la santé de son bébé. “Je me sentais nerveuse, tendue, fatiguée… C’était très étrange, on aurait dit que c’était la première fois que je vivais une grossesse et que je ne savais pas comment la traverser. La surprise d’avoir encore un garçon s’est également ajoutée… Il a fallu, là aussi, un petit temps pour digérer, mais l’essentiel était que notre bébé soit en bonne santé”.

Un bébé mal positionné

Parce qu’il s’agit d’une cinquième grossesse, mais aussi d’un bébé de grand gabarit placé en siège, Jennifer est très suivie médicalement. Ses précédents accouchements, dont un prématuré, ont été difficiles et elle appréhende la venue au monde de ce dernier petit garçon: “L’équipe qui m’entourait se voulait très rassurante, mais je n’arrivais pas à me départir de mon stress, poursuit la jeune femme. J’étais certaine que cela allait finir en césarienne. Je l’espérais même en me disant que les médecins accepteraient peut-être de pratiquer une hystérectomie pour que je ne puisse plus tomber enceinte”.

Mais Bébé en décidera autrement! Une semaine avant le terme, prévu le 25 décembre, il décide de se retourner, créant la surprise à l’échographie. “J’étais tout de même soulagée, reconnaît Jennifer. C’était un meilleur scénario, pour lui comme pour moi”.

Noël avant l’heure

Persuadée – à juste titre! – de passer les fêtes à l’hôpital et souhaitant malgré tout être présente pour ses grands enfants, la jeune femme se lance dans les préparatifs de Noël à l’avance. Toute la petite famille décide d’organiser un repas de fête anticipé, le 22 décembre. Foie gras, bûche, Jennifer savoure à fond et s’accorde les quelques menus plaisirs auxquels elle n’a pas eu droit ces derniers mois. “Mes beaux-parents étaient là, c’était chouette, on a vraiment profité tous ensemble! Je me suis couchée heureuse, en disant à mon bébé ‘Bon, maintenant tu peux venir, c’est bon!'”.

Des contractions fortes et rapprochées se sont vite imposées…

Message bien reçu: quelques heures plus tard, au petit matin du 23 décembre, Jennifer est réveillée par une énorme contraction qui la laisse le souffle coupé; elle perd les eaux dans la foulée. “Une grande première, car ce n’était jamais arrivé pour les quatre autres, il avait toujours fallu déclencher l’accouchement!”. La jeune femme secoue immédiatement son mari, se rendant compte que le travail avance très vite. “J’avais subi un décollement de membranes deux jours avant (un décollement de la poche de la partie inférieure de l’utérus, ndlr); cela a certainement joué. D’emblée, des contractions fortes et rapprochées se sont imposées”.

Les grands-parents, rentrés chez eux après la fête, sont prévenus. “Mes parents habitent à 20 minutes, il fallait donc qu’ils fassent la route. Mes beaux-parents, eux, ne sont qu’à cinq minutes, mais n’ont pas répondu tout de suite, ce qui nous a un peu affolés. Nous avions besoin qu’ils arrivent tous pour garder les enfants et que nous puissions partir à l’hôpital”.

Un urgentiste extraordinaire

Très rapidement cependant, Jennifer comprend que le scénario envisagé n’aura pas lieu: l’hôpital se trouve à 30 minutes de là et la route est mauvaise, criblée de trous… “Je ne me sentais pas capable de tenir aussi longtemps et ma plus grande peur était de devoir accoucher dans la voiture”. Son mari prend alors le téléphone pour appeler une ambulance, qui arrive 5 minutes plus tard, en même temps que tous les grands-parents.

“C’était un peu la panique, se souvient la jeune femme. La maison n’est pas grande et nous nous sommes vite sentis à l’étroit. Nos parents se sont entassés dans la cuisine. De mon côté, j’étais allongée au pied du sapin, coincée entre les décorations, la cheminée et la table du salon. Mon mari se tenait à l’écart, car il n’y avait même pas de place pour qu’il soit auprès de moi… Quant aux ambulanciers-pompiers, peu formés aux accouchements, ils ne savaient pas trop quoi faire à part mesurer la durée des contractions avec une simple montre!”.

L’urgentiste était le sosie du père Noël: sur le moment, j’ai cru à une blague!

Vingt minutes plus tard, un médecin urgentiste et une infirmière, délégués par le SMUR, parviennent jusqu’à la maison. “Quand David a ouvert la porte, j’ai cru à une blague: l’urgentiste était le portrait craché du père Noël!, s’amuse encore Jennifer. Un vieux monsieur avec une grande barbe blanche et un ventre bedonnant… On se serait cru dans un film, à ceci près que je souffrais terriblement!”.

Émotions décuplées

La jeune femme n’a pas le temps de réaliser ce qui se passe. Lorsque, à l’examen, l’urgentiste lui annonce que la tête du bébé est déjà visible, mais que son épaule est bloquée, tout se bouscule dans sa tête. “Au fond de moi, j’avais très peur, mais la principale pensée qui m’est venue, c’est ‘Ne crie pas, les enfants dorment là-haut, tu ne dois pas les réveiller et les inquiéter’.

La manipulation pour dégager l’épaule est très douloureuse et la poussée qui s’ensuit encore plus, mais cinq minutes plus tard, c’est la délivrance: Liam, beau bébé de 4,2 kg et 54 cm, est enfin dans ses bras. “Sur le coup, je suis restée sans voix. La naissance a été tellement violente, tellement rapide, indescriptible… Cinq ans après, c’est encore un choc dont je ne suis pas totalement remise!”.

L’équipe médicale ne lui laisse pas non plus le temps de savourer l’instant. Très vite, il faut gagner l’hôpital, milieu plus stérile, pour terminer les soins. Jennifer et Liam sont enveloppés dans des couvertures de survie et partent, sous les yeux émus et interloqués du papa et des grands-parents. “J’ai commencé à réaliser l’ampleur de l’événement quand l’infirmière, une fois dans l’ambulance, m’a remerciée pour ce magnifique cadeau de Noël. Ses mots m’ont touchée après la tornade qui venait de se produire. J’ai regardé mon fils et j’ai ressenti une immense joie: cette naissance n’était ni facile, ni anodine, mais je l’avais fait, j’y étais arrivée. Mon bébé était là, en pleine forme!”.

Moment suspendu

Cinq ans plus tard, Jennifer a pris conscience du caractère peu commun de cette naissance. “Par chez nous, Liam est seulement le deuxième bébé à naître à la maison en 20 ans. Autant dire que ça n’arrive pas tous les jours”. Et encore moins à cette période de l’année… “On s’est remémoré ce moment tous les jours pendant un an et on l’a raconté à tout le monde! Son frère Aaron assure même que ‘C’est la magie de Noël qui l’a fait venir’. Il a raison: Liam restera, pour toujours, notre lutin de Noël et notre plus beau cadeau”.

Pour toute la famille, mais surtout pour le petit garçon, la fin d’année est ainsi teintée de paillettes supplémentaires: une fête à rallonge vient désormais célébrer cet anniversaire extraordinaire!

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