Comment gérer la douleur physique d’une fausse couche?
Même si la fausse couche est de moins en moins taboue, celles qui la subissent continuent de souffrir en silence. Ces femmes que nous avons rencontrées prennent la parole pour en aider d’autres à surmonter la douleur.
L’annonce d’une fausse couche est souvent un crève-cœur. Elle provoque un tourbillon d’émotions où s’invitent la tristesse, la peur, la colère et très souvent, un sournois sentiment de culpabilité. Pour une femme, c’est la double peine: au choc psychologique s’ajoutent la chute d’hormones et les douleurs physiques, encore trop peu abordées.
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“Il faut que je te briefe…”
Céline et Laetitia sont amies, elles ont toutes deux vécu une fausse couche. Si leurs histoires sont différentes, elles se sont entrecroisées. “Lorsque j’ai dit à Céline que je faisais une fausse couche, elle m’a appelée dans la journée, nous dit Laetitia. Le surlendemain, je devais prendre le médicament qui accélère l’expulsion de l’embryon. Comme elle l’avait déjà vécu, elle m’a dit: ‘Il faut quand même que je te briefe’. Je lui en suis éternellement reconnaissante car grâce à elle, j’étais prête à m’exposer à la douleur, et je pense que ça a fait toute la différence”.
Le tabou de la douleur
“Quand j’ai eu besoin de me renseigner sur les douleurs liées à la fausse couche, je n’ai pas trouvé beaucoup d’infos sur Internet, explique Laetitia. Elles étaient floues et abordaient principalement la souffrance psychologique. C’est important bien sûr, mais personnellement, j’avais besoin de savoir ce que j’allais ressentir, physiquement”.
Contractions, crampes, perte de sang, chutes de tension, diarrhée, étourdissements, vomissements… Que la fausse couche soit spontanée ou accélérée par un médicament, elle implique son lot de tourments. Même si, précise Laetitia, “comme pour l’accouchement, chaque fausse couche est différente, et que certaines semblent plus douloureuses que d’autres”. Selon elle, il est important de savoir à quoi s’attendre, le but d’en parler n’étant “pas de faire peur, mais bien d’aider les femmes à se préparer”.
Céline ne s’attendait pas à ça
Pour Céline, aujourd’hui maman de deux enfants, les douleurs de la fausse couche s’apparentent à une sorte de mini-accouchement. “Ma gynéco m’avait dit que la fausse couche ressemblait à de fortes règles. Mais dans mon cas, c’était vraiment plus douloureux que ça! Aujourd’hui, après avoir accouché, je dirais qu’elle s’apparentait plutôt aux douleurs de l’accouchement. En moins fort et en moins long, mais quand même loin des douleurs de règles”.
C’était bien pire que des douleurs de règles…
Comme elle ne s’y attendait pas, Céline a paniqué et a eu du mal à gérer la douleur. “Je trouve que lorsqu’une fausse couche est annoncée à une femme, il faudrait lui organiser un rendez-vous avec une sage-femme, pour l’aider à s’y préparer, comme on anticipe un accouchement. Et pourquoi pas, proposer l’intervention d’une sage-femme à domicile pour les femmes qui le souhaitent, et puis que ce soit remboursé”, suggère Céline.
Les tips de Céline pour gérer la douleur
- Voyez plus loin. “Dites-vous que ce n’est ‘que’ de la douleur, qu’elle n’est pas nocive pour votre corps. Au contraire, elle est nécessaire, voire positive, puisque chaque contraction aide à évacuer l’embryon, et mène à la fin de la fausse couche et donc au début d’une nouvelle aventure. De la même façon, rappelez-vous que chaque vague a un pic et donc une fin”.
- Respirez. Entre les vagues de douleur, pour récupérer des forces et vous détendre au maximum, jusqu’à la mâchoire.
- Essayez de vous évader. “Pendant mes accouchements, mon mari me tenait la main et me parlait, il me disait qu’il m’emmenait dans une balade en forêt, me décrivait les bruits, les odeurs… Si j’avais pu avoir ça pendant la fausse couche, je pense que ça m’aurait aidée”.
Laetitia s’est laissée guidée par son corps
“Je m’estime chanceuse d’avoir eu un gynécologue qui m’a bien informée, et mon amie qui m’a préparée psychologiquement à ce qui adviendrait. J’ai pu prendre les meilleures dispositions. Les douleurs ont commencé dans les trois-quatre heures qui ont suivi la prise du médicament, et ont duré environ deux heures. Je pense que je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie. Mais à la fois, je me sentais en maîtrise. Je n’ai pas paniqué: je me disais ‘ce que tu ressens là est horrible, mais normal”.
La douleur peut être vue positivement: chaque contraction mène à la fin de la fausse couche, et à une nouvelle aventure
Les tips de Laetitia pour gérer la douleur
- Ne restez pas seule. “C’est la priorité, et les médecins omettent parfois de le préciser. Alors bien sûr, en cas de fausse couche spontanée, ce n’est pas prévisible. Dans mon cas, vu qu’on avait vu que la grossesse n’était pas évolutive et que j’avais un médicament à prendre, j’ai pu anticiper. Et même s’il ne restait pas à côté de moi tout le long, ça m’a vraiment rassurée que mon conjoint soit à la maison et veille sur moi ce jour-là”.
- Acceptez la douleur. “Plus simple à dire qu’à faire, mais les pics de douleur arrivent par vagues. Personnellement, j’ai eu besoin de me concentrer sur ces vagues, je n’avais pas envie d’être distraite par autre chose. J’avais besoin de laisser la douleur prendre toute la place, de me laisser guider par mon corps”.
- Changez de position. “Je ne tenais pas en place. Pendant les contractions, je me mettais à quatre pattes, à califourchon sur mon canapé, couchée par terre… Certaines positions me soulageaient un peu”.
- Prenez congé. “Le jour même évidemment, mais aussi minimum les deux jours qui suivent l’expulsion. Entre l’annonce que la grossesse n’était pas viable et la fausse couche en tant que telle, j’ai eu besoin de travailler, ça me changeait les idées. Mais les deux jours qui ont suivi la prise du médicament et l’expulsion, j’ai eu besoin de dormir beaucoup, de prendre soin de moi, et de vider mon agenda de toute contrainte. Psychologiquement, ce genre d’expérience doit quand même s’encaisser”.
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