Votre enfant a-t-il trop de jouets? L’avis d’une logopède
Pour développer son imagination, l’enfant n’a pas besoin d’une manne à jeux débordante, bien au contraire.
Si l’on parvient à faire comprendre à un enfant, dès son plus jeune âge, qu’un jouet peut avoir plusieurs fonctions, on limite le risque qu’il ne devienne un jour un consommateur compulsif. “Disposer de trop de jeux peut devenir angoissant”, nous dit même Jill Dujardin, logopède à Woluwe-Saint-Lambert. Pour le bien de la planète et pour le bon développement des petits, on évite donc la surcharge de stimuli.
Pourquoi avoir trop de jouets est contre-productif?
Un enfant face à une panoplie de jouets aura un esprit éparpillé et ne sera attentif à aucun. “Alors que s’il se concentre sur un seul objet, très vite, il l’exploitera de différentes manières et adaptera son utilisation en fonction de ce qu’il souhaite en faire, précise la spécialiste. Cela accroît considérablement son imagination, qui est essentielle pour son développement”.
L’enfant doit faire vivre l’objet pour restituer toutes ses fonctions
Aujourd’hui, on a tendance à stimuler les bambins non-stop, avec les écrans notamment, mais cela ne laisse que peu de place à l’imaginaire. “Vers l’âge de 3 ou 4 ans, il aime jouer seul et créer des jeux symboliques en inventant des histoires”. Quand un enfant s’ennuie, il développera d’abord l’utilité première de ce qu’il est en train de manipuler, une voiture par exemple: elle roule, elle avance, elle recule. “Il doit faire vivre l’objet pour restituer toutes ses fonctions, mais par la suite, son imagination prendra le dessus. La voiture deviendra une soucoupe volante”, détaille Jill Dujardin. Des histoires qui sont formatrices pour sa créativité.
Faut-il guider l’enfant dans son jeu?
“On peut évidemment l’accompagner dans son jeu, mais pas spécialement le guider, poursuit la spécialiste. S’il imagine qu’une bougie devient une table pour son Playmobil, c’est très bien, il faut le laisser faire seul”. D’ailleurs, si l’on décide de jouer avec un enfant, c’est souvent dans un objectif de compréhension: “Quand on lui explique les règles d’un jeu de société, par exemple”.
Même en grandissant, certains enfants préfèrent se diriger vers les jouets qu’ils connaissent car ils permettent de s’améliorer
Toujours le même jeu?
Important aussi: écouter les envies de l’enfant. S’il demande de jouer avec le même jeu de société ou jouet, ce n’est pas grave. “Vers l’âge de 2 ans, quand il commence à devenir autonome, il se sent très vite en insécurité. Il a alors besoin d’être rassuré, il voudra jouer avec les mêmes objets, qu’on lui lise la même histoire. Ce sont ses bases et il ne faut pas l’obliger à aller vers autre chose”, confie la logopède. Même en grandissant, certains enfants préfèrent se diriger vers les jouets qu’ils connaissent car ils permettent de s’améliorer et d’être dans une situation confortable.
Jouet ou jeux?
Peu importe l’âge, pour un développement complet, l’enfant aura besoin de jouets et de jeux. Les jeux déploient certaines compétences. “Le memory permet de travailler l’association; le jeu de l’oie, de comprendre la notion d’avancer et de reculer; les poupées russes, d’empiler; le Qui est-ce?, de déduire et d’analyser; les Kapla, de maintenir en équilibre. Avec ces jeux, l’enfant est dans la compréhension et apprend à suivre des règles”. Alors que les jouets développent davantage l’imaginaire. “Une petite fille est venue avec sa Barbie en consultation. Elle était dans la salle d’attente et elle lui a créé une robe avec un mouchoir, a mis des ballons à ses pieds en guise de chaussettes. J’ai trouvé ça génial. Si elle avait eu la garde-robe complète, elle n’aurait pas eu cette imagination”.
Enfin, il y a aussi les jeux grandeur nature: cache-cache, chaud-froid, se déguiser, réaliser un spectacle de marionnettes… “Et là encore, pas besoin d’avoir un théâtre de marionnettes, elles peuvent prendre vie grâce à des chaussettes, des gants… Il y a moyen de créer un spectacle entier”, conclut la logopède.
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