Faut-il obliger un adolescent à ranger sa chambre?

“Range ta chambre!”: cette phrase, les parents d’ados ne la connaissent que trop bien, pour la scander plusieurs fois par mois. Mais faut-il vraiment obliger les grands enfants à cleaner leur repaire? Non, selon l’auteure du livre Vivre heureux avec ses ados.

Ah, l’adolescence… Cette période merveilleuse où tout ou presque est propice à la discorde et aux remises en question. Parmi les points de tension, la chambre dudit ado: elle peut rapidement devenir un chantier difficile à enjamber pour les parents, qui demandent alors de le déblayer dans les plus brefs délais. Si cette envie de voir la maison rangée sous prétexte “qu’on n’est pas à l’hôtel” est compréhensible, selon Louison Nielman, psychologue clinicienne et auteure du livre Vivre heureux avec ses ados, il serait préférable de laisser les jeunes gérer le rangement de leur espace comme ils l’entendent.

Le signe clair d’un besoin d’indépendance

Dans son bouquin, l’auteure, spécialiste de l’enfance et de la parentalité, explique très clairement que la chambre d’un adolescent doit être vue comme une partie de lui-même et non comme un simple endroit de vie: “Sa chambre est un peu comme une extension de son être”, précise-t-elle. L’adolescent y laisse sa trace de façon à signaler qu’il est ici chez lui, en semant ses vêtements, ses livres, ses copies.

Pour la spécialiste, une chambre d’ado est comme le miroir de son besoin d’indépendance, une façon de se détacher de ses parents, ce qui est normal et sain. Son conseil: laisser l’enfant gérer comme il le souhaite cet espace qui est le sien. “Dans sa chambre, il est à la fois chez vous et chez lui. C’est un sanctuaire où seuls les adeptes de l’adolescence sont admis”, surenchérit la psy, pour souligner l’importance de ne pas y imposer sa vision de la propreté et de l’ordre.

3 règles à suivre

Si l’optique peut désarçonner, c’est, selon la spécialiste, la meilleure manière de vivre sereinement avec un adolescent, et de respecter son besoin de liberté, tout en le responsabilisant. Elle livre trois règles à suivre pour y parvenir.

1. Ne pas faire de remarques à tout-va

Bien souvent, “l’ado ne supporte plus du tout que vous passiez votre tête dans l’entrebâillement de sa porte, ou que vous entriez sans demander l’autorisation”, explique Louison Nielman, qui rappelle qu’il est crucial de frapper avant d’entrer: une marque de respect que vous lui demandez aussi s’il veut entrer dans votre chambre. Lorsque vous êtes de passage “chez lui”, évitez les commentaires du genre “Mais quel bazar ici!” ou “Non, mais tu es sérieux? Range-moi ça tout de suite!” qui conduiront forcément à une discorde. Deux mots d’ordre à retenir selon la psychologue: respect et confiance.

2. Le laisser se débrouiller

Vous l’aurez compris, c’est à l’ado de gérer son endroit de vie. Inadéquat donc d’entrer dans son antre afin d’y faire le ménage s’il n’y est pas, sous peine de vous attirer ses foudres. “Ce qui est rangé ou pas ne vous regarde pas”, insiste la thérapeute. C’est désormais à lui de descendre ses vêtements sales s’il désire qu’ils soient lavés, de ranger sa manne à linge propre dans son dressing ou de vider sa poubelle qui déborde. Un exercice qui, il faut bien l’avouer, demande une certaine dose de lâcher-prise.

3. Mettre des limites

Si sa nouvelle intimité doit être respectée, ce n’est pas pour autant que l’adolescent peut faire tout et n’importe quoi! Poser des limites est important.

• Déterminer ce qu’il peut faire avec les murs: voyez ensemble ce qu’il peut – ou pas – faire des murs de sa chambre, comme les repeindre s’il le désire ou afficher des posters et cadres (interdiction, par exemple, d’afficher des posters osés ou des images qui pourraient choquer).
• Rappeler les règles d’hygiène de base: s’il est désormais maître du rangement de son antre, il est de notre devoir de parent de lui donner des pistes pour que cet endroit ne devienne pas une poubelle géante. Pensez à avoir, avec votre ado, une conversation durant laquelle vous définirez les règles d’hygiène à respecter: vider régulièrement les poubelles (surtout s’il y a de la nourriture dedans), descendre la vaisselle et le linge sale régulièrement, etc. La spécialiste nous invite à écrire sur un tableau les jours où l’ado devra descendre son linge sale afin d’avoir toujours de quoi s’habiller. Il a oublié, ou avait “la flemme”? Rendez-vous au prochain tour!
• Garder des temps d’échange hors de son antre: c’est un fait, votre ado passe le plus clair de son temps dans sa chambre… Et selon la spécialiste, c’est tout à fait normal. Elle précise par contre qu’il est “nécessaire de garder des temps d’échange et de partage, comme dîner ensemble, par exemple. Cela ne doit pas être négociable et cela permet de le sortir de sa grotte pour le remettre au sein de la famille”.

Dans les espaces communs, une répartition des tâches

Ces recommandations valent pour la chambre de l’adolescent, et pas pour les espaces de vie communs, tels que la salle de bains ou le salon, qui eux, doivent être gérés par toute la famille. À ce sujet, la spécialiste conseille aux parents d’user de communication positive, en proposant – lors d’une réunion de famille, par exemple – une répartition équitable des tâches. Une manière de “responsabiliser l’adolescent et le préparer à sa future vie qu’il revendique déjà”, souligne la psychologue.

Pour aller plus loin dans la réflexion

Le livre de Louison Nielman, Vivre heureux avec ses ados, propose des pistes intéressantes et répond aux nombreuses questions que se posent les parents, notamment au sujet de leur transformation physique, de leurs changements d’humeur, de l’école, des amis, des sorties… Il est en vente au prix de 12,90€ sur le site de la Fnac, par exemple.

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