enfant écran
Les règles concernant les écrans doivent être clairement énoncées, cohérentes et constantes. © Mart Production/Pexels

Comment gérer les crises des enfants au moment d’éteindre les écrans?

Par Justine Leupe

Les écrans sont partout: accrochés au mur, posés sur les tables, glissés dans les poches… Difficile pour les enfants de s’en détacher. Une psychologue nous livre ses pistes pour y arriver sans cri.

En tant que parent, retenez de prime abord que vous êtes des exemples. “L’enfant agit en miroir par rapport à ce qu’il voit à l’école et à ce qu’il observe à la maison. S’il ou elle remarque que les parents sont sur leur téléphone pendant le repas, ça lui semblerait illégitime qu’on lui restreigne son temps d’écran à lui”, nous explique Soline d’Udekem, psychologue clinicienne et psychothérapeute. Pour éviter les crises, tout est question de cohérence, donc.

Pourquoi ces crises?

Si votre enfant se met en colère au moment de stopper les écrans, c’est peut-être qu’il est entré dans une forme de dépendance face à ceux-ci, mais pas uniquement. “Les études prouvent que lorsqu’on coupe brusquement un enfant de son écran, il éprouve un sentiment de l’ordre de la douleur”, explique la spécialiste. Pour éviter les crises, mieux vaut donc éviter de débrancher la console ou de prendre la tablette des petites mains de manière abrupte.

Constance toujours

Les règles concernant les écrans doivent être clairement énoncées, cohérentes et constantes. “Il faut les maintenir. C’est-à-dire que si on dit ’30 minutes de Switch’, ce n’est ni 25 ni 35. Parce que si on commence à accepter 5 minutes en plus, on est partis pour des négociations à chaque fois”.

Si les règles ne sont pas cohérentes et constantes, l’enfant sera frustré

Un conseil, au besoin: utiliser un timer, “une sorte de cocotte-minute pour montrer à l’enfant ou à l’adolescent le temps qui défile”.

Les règles d’or des écrans

Pour que les parents gèrent davantage l’utilisation des écrans avec leurs enfants, le psychiatre Serge Tisseron a mis en place la règle du 3-6-9-12.

  • Pas d’écran avant 3 ans.
  • De 3 à 6 ans, les écrans peuvent s’intégrer dans une routine mais avec un temps limité (de 30 minutes à 1 heure par jour), avec un parent.
  • De 6 à 9 ans, les écrans permettent la création. Apprenez-lui à réaliser une photo, à créer de petites vidéos, à sélectionner des photos pour réaliser un album… C’est aussi une période à laquelle vous pouvez discuter de quand votre enfant aura son premier smartphone.
  • De 9 à 12 ans, apprenez-lui à se protéger face aux écrans. Demandez-lui ce qu’il en fait, ce qu’il y voit, interagissez sur le sujet. Expliquez-lui notamment les “3 règles d’Internet”: tout ce qui est posté est du domaine public, ce contenu restera éternellement, ce qui se trouve sur Internet n’est pas toujours la vérité.
  • Après 12 ans, restez présent face à l’utilisation des écrans sans être intrusif. Avec lui, passez ses profils sur les réseaux en mode privé, et limitez le smartphone, notamment la nuit. Il en est de même pour les jeux vidéo.

Ces repères sont bien faits, selon Soline d’Udekem, mais la psychologue relativise: “Si un enfant de 2 ans regarde une fois un dessin animé, ça ne va pas lui abîmer les yeux. Souvent, les gens ne savent pas pourquoi on donne ses repères, c’est tout simplement parce que si un enfant commence à regarder un dessin animé régulièrement, ça devient la solution facile en fin de journée quand on prépare le repas, on fait le ménage… et c’est son développement qui en pâtit. Il n’observera pas ses parents faire les tâches ménagères et ne les aidera pas dans ce sens. Au niveau des apprentissages, ça le limitera. Je ne vois pas de gros souci à ce qu’un enfant regarde 30 minutes de dessin animé s’il a des parents qui font des jeux de société avec lui, se baladent avec lui, papotent avec lui, et mangent avec lui sans écrans allumés. Mais cela doit être 30 minutes et pas 1 heure au bout d’un mois”.

Les conseils en plus de la psy

Et pour compléter ces règles de base, la psy ajoute quelques points essentiels:

Suivre les interdictions

On l’oublie trop souvent mais les films, les séries, les jeux vidéos ont des limites d’âge et ces dernières sont malheureusement peu respectées. Pourtant, s’il y en a, c’est pour de bonnes raisons: “Si des scientifiques ont décidé qu’en dessous de 12 ans, les enfants ne pouvaient pas jouer à Fortnite, c’est que le cerveau n’est pas capable de gérer l’addiction, la violence…”

Mettre des règles au besoin

Vers l’âge de 8-9 ans, quand on commence à intégrer les jeux vidéo, la spécialiste conseille d’y aller à tâtons. “En consultation, je suggère aux parents de ne pas mettre de règles strictes directement, mais de dire ceci: ‘On fait un mois sans règles et ensuite, on fait le topo concernant tes résultats scolaires. On voit s’il y a eu des crises, de l’agressivité ou, au contraire, si tu gères le moment d’arrêt et qu’il n’y a pas de débordements…”

Commencer doucement

Pour les plus petits, l’idéal est qu’il n’y ait pas d’écran tous les jours. “Niveau timing, les parents peuvent partir sur un petit dessin animé le mercredi et le week-end. Et c’est encore mieux si ce n’est que le week-end”, poursuit Soline d’Udekem.

Les écrans coupent-ils du monde?

Lors du premier rendez-vous avec les parents, dans son anamnèse, Soline d’Udekem aborde souvent la question suivante: quelles sont les règles par rapport aux écrans à la maison?. “Je ne la pose pas spécialement pour connaître le temps d’écran mais pour voir comment agissent les parents. Car pour certains d’entre eux, la difficulté est de pouvoir mettre des limites. On voit de plus en plus d’obésité chez les enfants car on ne met plus de limites par rapport à ce qu’ils mangent, par exemple”. C’est la même rengaine avec les écrans.

Si les règles énoncées ne sont pas respectées, si le temps d’écran est conséquent ou que l’enfant a commencé à visionner des écrans très tôt, cela peut avoir des conséquences néfastes: “Il développera moins bien son langage, ainsi que tout son côté psychomoteur. Lorsque les enfants grandissent, qu’ils sont de grands consommateurs d’écrans, ils peuvent avoir des difficultés avec les codes sociaux, avoir des troubles du sommeil, voire un décrochage scolaire”. La question permet à la spécialiste de comprendre à quel niveau les écrans peuvent intervenir ou non dans la problématique pour laquelle l’enfant vient en consultation (manque de concentration, troubles du sommeil, agressivité, décrochage…).

Relativiser: les écrans ne sont pas le diable

Il est recommandé d’instaurer des directives si cela permet un climat serein à la maison, mais il n’est pas question de voir le mal partout. “Un enfant qui n’a pas de règles pour les écrans, mais qui fait bien ses devoirs, débarrasse le lave-vaisselle, qui a des copains, qui va volontairement à l’école et à ses activités parascolaires, je ne vois pas pourquoi il faudrait lui mettre des règles drastiques”, dédramatise la psychologue.

La vis doit être resserrée si des débordements surviennent: “Si une chute scolaire est observée, que l’enfant se dépêche de réaliser ses devoirs pour se mettre derrière ses écrans… Il en est de même si, lorsqu’on demande d’arrêter les écrans, l’enfant se met dans tous ses états ou devient agressif”, conclut Soline d’Udekem.

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