Comment développer l’empathie chez un enfant?
Dans notre société en perpétuelle évolution, l’empathie semble enfin être reconnue comme un trait de caractère à cultiver. Une experte en parentalité nous explique comment la développer chez un enfant.
Vue comme une faiblesse pendant des décennies, l’empathie est désormais sacralisée au rang de qualité depuis l’avènement des techniques de développement personnel, jusqu’à prendre une place-clé dans l’éducation des enfants. Selon les principes d’éducation bienveillante, cultiver l’empathie chez un enfant lui permettra de créer des liens avec les autres et de prendre conscience de l’impact que peuvent avoir ses actes, en bien comme en mal.
Emmanuelle Vivier est consultante en parentalité en cours de certification Filliozat, une certification de “coach parental et psychothérapeute d’enfant”. Elle nous explique comment on peut, en tant que parent, aider son enfant à développer son côté empathique.
Les neurosciences pour mieux comprendre l’empathie
Pour comprendre l’empathie, la coach nous invite à nous pencher sur les dernières découvertes en matière de neurosciences: “On sait aujourd’hui que le cerveau d’un enfant n’est pas identique à celui d’un adulte, puisqu’il est immature. En particulier sa partie supérieure, qui sert à anticiper, organiser et réguler les émotions. Une maturation ne se fera pas avant l’âge de 7 ans, au contact des autres – ses parents, ses copains, ses enseignants – et en fonction des expériences qu’il vivra. À l’inverse, la partie du cerveau où se situe le centre des émotions et du ressenti – l’amygdale – est, elle, opérationnelle dès la naissance. C’est pourquoi l’enfant est surtout un être émotionnel, qui ressent beaucoup de choses sans pouvoir vraiment se raisonner. Il a aussi une capacité naturelle à ressentir ce que les autres ressentent… On peut donc dire que, par nature, un enfant est empathique”, explique Emmanuelle Vivier.
Des chercheurs en neurosciences auraient, selon la spécialiste, découvert que les nourrissons pouvaient ressentir un large panel d’émotions dès la naissance et faire preuve d’empathie dès l’âge de 6 mois.
Une capacité naturelle qui peut disparaître
Si l’empathie est une capacité innée, Emmanuelle Vivier précise qu’elle doit se cultiver si l’on souhaite la voir éclore chez un enfant: “L’empathie est une sorte de graine qui sera arrosée si l’enfant vit dans un milieu où l’on fait preuve d’empathie avec lui”, explique-t-elle. Et ici encore, les neurosciences vont nous aider à comprendre pourquoi: “Lorsqu’un enfant évolue dans un milieu empathique et aimant, son cerveau va sécréter beaucoup d’ocytocine, l’hormone du bonheur. Cette hormone va faire mûrir son cerveau et cultiver son côté empathique”.
Par contre, un enfant vivant dans un milieu peu empathique où les violences éducatives ordinaires – c’est-à-dire des violences physiques, verbales et psychologiques exercées dans un but “éducatif” – sont présentes va sécréter du cortisol, aka l’hormone du stress. Ce qui va, à terme, éteindre le côté empathique naturel de l’enfant.
Les conseils de la coach pour développer l’empathie
Pour développer l’empathie d’un enfant, le secret est donc de lui offrir un cadre de vie qui lui permette de mûrir cérébralement, en sécrétant le plus d’ocytocine possible. Voici quatre pistes pour y arriver.
Être à l’écoute du petit
Apporter de la crédibilité à ses émotions est primordial: “L’idée, c’est vraiment de valider ce qu’il ressent. On va utiliser un maximum la communication non violente pour s’exprimer, surtout en cas de conflit”. Pour accueillir les émotions de l’enfant petit ou grand, l’experte conseille d’utiliser des tournures de phrases du style “je vois que tu pleures parce que cet enfant a pris ton jouet. Je comprends que cela soit difficile à vivre”, qui vous permettront de faire, vous-même, preuve d’empathie.
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Se rendre disponible
Pour Emmanuelle Vivier, être à l’écoute de son enfant passe par une étape essentielle: se rendre disponible à 100% lorsqu’il a quelque chose à nous dire. On évite donc de rester sur son téléphone lorsque notre enfant nous parle, ou de continuer à faire la tâche qu’on exécutait. Un vrai défi pour les parents modernes qui font plusieurs choses en même temps, à voir comme une résolution vers une parentalité plus à l’écoute.
Faire des câlins
On le sait, en donnant ou en recevant des câlins, on permet à notre cerveau de sécréter de l’ocytocine. Une hormone qui aide au développement de l’empathie, comme stipulé précédemment, et à la bonne maturation cérébrale de l’enfant. Alors on use et on abuse des câlins!
Décrypter le quotidien
La consultante conseille également d’utiliser la vie quotidienne comme une sorte de laboratoire. “Imaginez que vous soyez dans une file avec votre enfant… à la boucherie par exemple. Devant vous, une personne qui crie sur le boucher parce qu’il n’y a plus de saucisse. Cette situation violente, il faudra la décrypter avec l’enfant, au lieu de le laisser digérer dans son coin. On va lui dire: ‘Ce monsieur devait vraiment être contrarié pour crier comme ça… Qu’en penses-tu? Peut-être aurait-il pu dire au boucher qu’il était contrarié au lieu de crier, non?’ L’idée, c’est de l’aider à analyser les situations dont il pourrait être le témoin, puisque son esprit critique est en pleine maturation”.
Ce qu’il faut absolument éviter
- Les phrases blessantes ou jugeantes: “T’es vraiment méchant”, “Tu es nul”, “Tu n’y arriveras pas” ou autres phrases du genre sont à éviter absolument, puisqu’elles ont pour conséquence la sécrétion du cortisol.
- Le laxisme: attention, empathie ne veut pas dire laxisme. Pour l’experte, il est important de tenir son rôle d’adulte et de parent en posant un cadre clair, fait de limites et de valeurs à respecter. Car éduquer, c’est aussi offrir à son enfant des limites grâce auxquelles il pourra se repérer.
Pour aller plus loin dans la réflexion
Emmanuelle Vivier conseille à tous les parents désireux d’en savoir plus sur les émotions de leur(s) enfant(s) ce livre d’Isabelle Filliozat.
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