relation père-fille
"Après le décès de maman, il a vraiment assuré." © Getty Images

Témoignages: mon père, mon pilier

Confident, boute-en-train, pilier stable ou père absent: il n’existe pas deux relations père-fille identiques. Cassandre et Jill nous parlent de la leur.

Lorsqu’un divorce ou un décès vient chambouler la vie de famille, les liens peuvent s’effilocher ou au contraire, se renforcer. Malgré les hauts et les bas, ces tempêtes n’ont pas entamé la relation de Jill et de Cassandre avec leur papa. Témoignages.

Cassandre, un lien en crescendo

Cassandre a 35 ans, est en couple et maman d’un petit garçon de trois mois. Ses parents ont divorcé lorsqu’elle avait 11 ans. Elle revient sur sa relation avec son papa, qui coule des jours heureux après de sacrées montagnes russes.

Quand le temps fait bien les choses

“Quand j’étais plus jeune, ma relation avec mon père était beaucoup plus conflictuelle. Elle n’a fait que s’améliorer depuis. Aujourd’hui, on est proches, il est devenu un pilier de ma vie. On se ressemble à de nombreux égards.”

Aujourd’hui, je l’accepte mieux en tant qu’homme et en tant que papa

Pour Cassandre, cette amélioration est liée à l’âge et la maturité. “De son côté, il a mieux compris qui il était, ses blessures d’enfance, pourquoi il réagissait d’une certaine façon… Il prend plus le temps, il s’intéresse à ce qu’on fait, il est moins happé par son boulot. Et de mon côté, je l’accepte mieux en tant qu’homme et en tant que papa.”

Adolescence explosive

“Mes parents ont divorcé quand j’avais 11 ans. Au début, je n’étais pas spécialement en colère, j’étais plutôt impressionnée par la situation. Quand nos parents n’étaient pas bien, mon frère, ma soeur et moi nous faisions tout petits. C’est plus vers 16 ans que j’ai commencé à péter un plomb contre lui. Mes parents étaient toujours en instance de divorce, la procédure a été longue et pénible. J’étais fâchée contre eux deux, pour tout ce qu’ils n’avaient pas bien géré autour de leur séparation. Mais au-delà de ça, ma colère était aussi liée à mon adolescence, à mes émotions qui débordaient.”

Je lui disais ‘Je te déteste’ tous les jours

“Cette période a clairement été la plus difficile de notre relation. Pendant un temps, je lui disais ‘Je te déteste’ tous les jours. Je lui disais qu’il était nul, que je ne l’aimais pas. J’avais beaucoup de colère en moi, et je la déversais sur lui. Ça le rendait triste, mais on ne s’engueulait pas, il ne criait pas.”

Quitter le nid

“Je pense que le fait de ne plus vivre à la maison m’a fait réaliser que ce que j’avais était précieux. Vers la vingtaine, je me suis dit consciemment que je voulais construire une meilleure relation avec mon père, et que je voulais tout mettre en oeuvre pour y arriver.”

Aujourd’hui, Cassandre savoure ce lien retrouvé. “Je réalise que je tiens vraiment à cette relation. Pour mon père, la famille, c’est sacré. Il nous propose des vacances, il prend de nos nouvelles. Je l’admire pour ses conseils, sa vision du monde. Aujourd’hui, on est super proches. On se raconte plein de choses, on se fait des restaus, des voyages à nous deux… Je l’appelle dès que j’ai besoin de conseils, quand je prends de grandes décisions dans ma vie.”

Jill, un pilier infaillible

Jill a 32 ans et est en couple. Sa maman est décédée d’un accident lorsqu’elle avait 15 ans. Depuis, son père a toujours placé son frère et elle en priorité.

“Mon père et moi, on n’est pas trop dans la communication. Il a peur d’être envahissant et il a un côté un peu ours. On ne se donne pas beaucoup de nouvelles au quotidien, mais ça n’enlève rien à l’amour qu’on se porte. On se connaît par cœur et c’est un énorme pilier dans ma vie, je sais que je pourrai toujours compter sur lui.”

Une fois par mois, Jill aime bien retourner dormir chez lui, sans raison précise. “Juste parce que ça me fait du bien de me retrouver dans le cocon familial. J’arrive, je mets les pieds sous la table, et il me cuisine des petits plats (Rires). On parle de tout et de rien, c’est léger.”

Je l’aime parce que c’est mon papa, mais aussi parce que j’adore la personne qu’il est

“On était déjà proches avant le décès de ma maman, mais on l’est encore plus depuis, confie-t-elle. Je l’aime parce que c’est mon papa, mais aussi parce que j’adore la personne qu’il est. Mariage, bébé, voyage, job: il n’a pas d’attente sur ma vie. Je sais qu’il veut pour moi ce que j’ai envie pour moi-même, sans exigence. Et ça, c’est très précieux.”

Confidences nocturnes

“On est assez pudiques tous les deux, explique Jill. Si je ne vais pas bien, c’est la dernière personne à qui je le dis. Parce que j’ai envie de le protéger. Je sais que c’est une éponge: quand je vais mal, il va mal. Donc je me refuse de lui dire quand je ne vais pas bien.

Il veut pour moi ce que j’ai envie pour moi-même. Et ça, c’est très précieux

Jill se souvient. “Le décès de ma maman, on n’en parle jamais. Mais un soir, quand j’avais 20 ans, il est venu me chercher à une soirée. J’étais un peu ivre, et je lui ai dit que je voulais le remercier pour tout ce qu’il avait fait pour nous suite à l’accident. Je lui ai dit que si maman avait compris qu’elle partait, j’étais certaine qu’elle n’avait pas eu une seule seconde de doute à l’idée de lui laisser les enfants. Qu’elle était partie en paix en se disant ‘Il va assurer, je n’ai aucun doute’. Il a vraiment assuré. Il a continué à tenir les rennes et à mettre nos besoins en priorité. Il voulait qu’on passe des moments de qualité, qu’on n’ait à se soucier de rien.”

Sa protégée

“Cette envie de nous protéger a été loin. À un moment, j’ai compris que mon père ne voulait plus me dire ‘non’, qu’à chaque fois que je lui demandais quelque chose, il acceptait. Je n’ai pas fait beaucoup de jobs d’étudiant, il venait me chercher à droite à gauche… Il était dévoué.”

“Avant mes quinze ans, il n’était pas comme ça. Suite au décès de ma maman, il m’a plus couvée. Je ne suis pas devenue pourrie gâtée pour autant. Mais je pense qu’à un moment donné, il aurait peut-être dû me dire: maintenant, tu as fait ton deuil, tu dois te prendre en charge.”

En tête à tête

“Mon grand frère a quitté la maison assez rapidement après le décès de ma mère. Du coup, on s’est vite retrouvé père-fille, en tête-à-tête. Comme ma mère n’était plus là, mon père a dû prendre une casquette qu’il n’aurait pas prise si elle avait été là. Il abordait des sujets comme la contraception, les rendez-vous chez le gynéco, etc. Pour mon bal de rhéto, il m’a dit qu’on devait me trouver une robe… Je pense ce n’était pas naturel pour lui, mais il y pensait, tout simplement.”

Pour les papas: 7 tips pour booster votre relation père-fille

Pour créer une relation père fille solide et unique, pas de recette miracle, mais une communication la plus ouverte possible.

  1. Osez parler avec elle, même des sujets qui vous semblent sensibles. Inutile d’en faire des tonnes, le simple fait d’ouvrir le dialogue, avec vos mots, suffira ben souvent à briser le tabou. Ses premières règles, son premier petit copain, un chagrin d’amour, sa grossesse… Montrez-lui que vous êtes là pour elle dans toutes ces étapes de vie, même si vous êtes un homme.
  2. Encouragez-la à affronter ses peurs, dès l’enfance. Certes, votre fille a besoin que vous la protégiez. Mais pas seulement. Votre rôle de parent est aussi de l’encourager à poursuivre ses rêves, à avoir de l’audace, à avoir confiance en qui elle est.
  3. Consacrez-lui du temps, mais surtout du temps de qualité. Trouvez ce qui vous convient. Vous n’êtes pas un grand bavard? Emmenez-la faire une activité extérieure, une rando, voir une pièce de théâtre… Vous adorez papoter avec elle? Appelez-la pour prendre de ses nouvelles. Il n’y a pas qu’une seule façon d’aimer!
  4. Aidez-la à comprendre ses forces. Et ses faiblesses. Témoignez votre amour pour ses qualités et votre compréhension face à ses imperfections. Elle développera moins de complexes de cette façon.
  5. Montrez-lui vos propres faiblesses. Vous ne devez pas être un super-héros, mais un papa en chair et en os, qui a ses jours avec et ses jours sans. Lui montrer vos propres points sensibles pourrait vous aider à mieux communiquer.
  6. Ne lui dites rien que vous ne diriez pas à votre fils.
  7. Complimentez-la (et pas seulement sur son physique!). Les compliments faits aux petites filles et aux femmes sont souvent axés sur leur apparence. Bien sûr, vous pouvez lui dire que vous la trouver belle. Mais valorisez aussi sa personnalité, complimentez-la sur son humour, son intelligence, sa créativité et ce qui fait d’elle un être unique.
  8. Écoutez. Pour construire une relation père fille solide et durable, montrez-vous toujours disponible, ouvert d’esprit, intéressé par ce qu’elle a à vous raconter.
  9. Faites-lui savoir que vous l’aimez. Et que vous l’aimerez toujours !

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