“Mon homme a 13 ans de moins que moi”
Stéphanie* est en couple avec un homme plus jeune qu’elle. Une relation qui lui a permis de découvrir à quel point la jeune génération se comporte différemment avec les femmes…
“Je vis avec un homme qui a treize ans de moins que moi. J’ai 45 ans, Maxime* a 32 ans. Cette différence d’âge suscite l’étonnement. Je le sais, je le sens. Au début, je me sentais même obligée de m’excuser, de me justifier. Genre: ‘Merci pour ton invitation. Je viendrai avec mon compagnon. Il est plus jeune que moi…’ Comme s’il fallait prévenir les gens pour leur éviter un choc! Je m’emberlificotais dans mes explications. C’était ridicule. Aujourd’hui, j’assume. Nous sommes en couple depuis cinq ans. Les blagues stupides sur Brigitte Macron ont cessé de me blesser, mais elles continuent à m’énerver. Parce qu’elles n’existent que dans un sens…
Une rencontre qui change tout
J’ai longtemps vécu avec des hommes plus âgés. Après mes études, je me suis installée avec un monsieur qui avait dix-huit ans de plus que moi. Nous sommes restés quatre ans ensemble. Ensuite, j’ai rencontré le père de mon fils, qui a douze ans de plus que moi. Avec le recul, il est clair que je cherchais une figure paternelle sécurisante. Mon propre père étant instable, colérique, toxique… Totalement insécurisant. À l’époque, l’écart d’âge n’a jamais posé problème. Je ne me suis jamais sentie gênée de me promener en rue avec un homme plus âgé, je ne me suis pas dit qu’on nous regardait, qu’on nous jugeait. Ça semblait dans la logique des choses.
J’avais 39 ans lorsque j’ai quitté le père de mon fils. Maxime est entré dans ma vie juste après. J’avais besoin d’un nouveau smartphone, j’ai poussé la porte d’une boutique de téléphonie, il m’a accueillie et conseillée avec un large sourire… Quelques jours après, il m’a contactée sur Facebook. C’était un vendredi soir, il prenait un verre avec des copains, il proposait que je les rejoigne. J’ai envié l’insouciance de sa jeunesse. Moi j’avais un petit garçon au lit, je ne pouvais pas sortir.
Nous nous sommes vus quelques jours plus tard. J’ai tout de suite compris qu’il craquait pour moi. Mais je le trouvais hyper jeune! J’avais 40 ans, il en avait 27! On allait me prendre pour sa mère! Lorsqu’on s’est embrassé pour la première fois, je lui ai dit: ‘Je te préviens: je ne veux rien de sérieux’. Ça n’a pas dû être très agréable pour lui, mais il a été patient. Quand on sortait ensemble, je le présentais comme un simple copain. Je n’osais pas dire qu’on était en couple. Les choses se passaient bien entre nous, mais je ne voulais pas m’afficher. J’avais peur de passer pour une vieille tarte.
Les choses se passaient bien entre nous, mais je ne voulais pas m’afficher. J’avais peur de passer pour une vieille tarte
À un moment, il a quand même fallu éclaircir la situation pour mon fils. Charlie avait 7 ans et il s’entendait à merveille avec Maxime. Il faut dire que Maxime peut passer l’après-midi à jouer aux Lego Star Wars avec le petit. Moi, ça m’ennuie et son père, il n’a pas le temps. Résultat: Charlie avait pris Maxime pour un copain de jeu. Dans sa tête d’enfant, c’était comme un grand frère. Il fallait lui expliquer clairement que Maxime était l’amoureux de maman.
Dans la foulée, j’en ai parlé à mes proches. J’avais raison de craindre les réactions… Ce n’étaient que sous-entendus grivois. En gros: si une femme sort avec un homme plus jeune, c’est pour ses performances sexuelles. Le père de mon fils m’a dit: ‘T’es une cougar!’ Je lui ai rétorqué qu’il y a le même écart d’âge entre nous qu’entre Maxime et moi. Le débat était clos. Mais je sais que tous se disaient: ‘Stéphanie s’amuse avec un petit jeune’. Du coup, j’avais moi aussi beaucoup de mal à penser cette relation dans la durée. D’autant que le monde de Maxime était parfois à des années-lumière du mien…
Devenir parents ensemble?
Maxime m’a présenté ses copains. Ils avaient 26-27 ans. C’est une génération que je n’avais jamais fréquentée. Comment dire? Ils sont insouciants, ils vivent en coloc, ils adorent les jeux vidéo… Ils peuvent prendre congé le jour de sortie d’un nouveau jeu pour être les premiers à en profiter. Heureusement, Maxime n’est pas accro. Je n’aurais pas supporté un mec sur sa PlayStation toute la journée. Par contre, comme plein de jeunes de son âge, il n’a pas le permis. Il ne voit pas l’intérêt. Alors, qui fait le taxi en semaine ? Qui fait Bob le week-end? Qui conduit en vacances? C’est moi et ça m’énerve. Je me sens parfois un peu déphasée. Quand je dis à Maxime que j’ai eu ma première télé couleur à 8 ans, il me prend pour un diplodocus.
Il est né en mai 1986, au moment où Sandra Kim gagnait l’Eurovision. Je m’en souviens très bien: j’étais en première secondaire, et j’avais déjà un petit ami. Parfois, quand je fredonne une chanson des années 80, je lui dis: ‘Tu ne peux pas connaître, t’étais pas né!’ Il me regarde en souriant: ‘Tu sais, ils l’ont passée quelques fois à la radio depuis…’
Notre relation s’est ainsi construite peu à peu, assez naturellement. Restait la question de l’enfant. Dans mon premier couple, je voulais un enfant. Lui n’en voulait pas. Il en avait déjà deux, il estimait qu’il avait donné. Pour moi, ça a été une souffrance. Et ça a contribué à notre séparation. J’allais sur mes 30 ans et je ne me voyais pas renoncer à mon désir d’être maman. Depuis, j’avais eu Charlie. Mais Maxime n’avait pas d’enfant… Quand il a évoqué l’idée de faire un bébé, on ne vivait pas encore ensemble. Je lui ai dit que c’était un peu tôt, qu’il fallait réfléchir. Il n’était pas pressé, mais moi je sentais le temps passer. Alors, au bout d’un moment, j’ai préféré être claire: ‘Je ne veux pas d’autre enfant. Il y a un temps pour tout dans la vie, et je ne me sens plus l’énergie d’avoir un bébé. Mais je ne veux surtout pas t’empêcher d’être papa. Si tu ne peux pas imaginer ta vie sans enfant, je comprendrais que tu partes. Je ne t’en voudrais pas.’ Il m’a répondu que Charlie le comblait. Je lui ai demandé de bien réfléchir, parce que Charlie a déjà un papa…
Une relation équilibrée
Maxime est un homme très mature. Bien plus que mes précédents compagnons, qui auraient pourtant l’âge d’être son père! Je crois que c’est une question de génération. Je vois ça aussi au boulot. Je travaille dans une start-up, parmi des trentenaires. Ils ont une tout autre mentalité que les gens de ma génération. Ce qui me frappe le plus, c’est l’égalité hommes-femmes. Pour eux, c’est une évidence au quotidien. Mes précédents compagnons avaient eu une maman au foyer, et ils considéraient toujours normal que la femme fasse une série de choses. Si Charlie était malade, c’est moi qui prenais congé, pas son papa. Dans la génération de Maxime, les rôles et les tâches sont davantage partagés. Il ne considère pas qu’il m’aide, juste qu’il assume sa part. Aujourd’hui, c’est dans ces aspects du quotidien que je ressens surtout l’écart d’âge entre Maxime et moi. Mais je ne vais pas m’en plaindre!
Dans la génération de Maxime, les rôles et les tâches sont plus partagés. Il ne considère pas qu’il m’aide, juste qu’il assume sa part
Pour le reste, j’ai arrêté de me projeter. À une époque, je disais: ‘Oui mais, quand tu auras 50 ans, j’en aurai 63! Et on n’a pas de maison! Et tu n’as pas encore d’épargne-pension!’ Lui est très serein par rapport à tout cela. Il rêve de m’épouser… Je n’ai jamais été tentée par l’idée de me marier, mais je suis bien avec Maxime. De toutes mes relations, c’est clairement la plus équilibrée. Mes proches vous diraient pareil. Ils trouvent que la différence d’âge ne se voit plus. Et que même si elle se voyait, ça n’a finalement guère d’importance.”
*Prénoms d’emprunt
Texte: Christine Masuy
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