Maquillage permanent: on franchit le pas ou pas?
Maquillage permanent des yeux ou de la bouche, microblading des sourcils… jusque sur les réseaux sociaux, les #permanentmakeup fleurissent. Les techniques utilisées intriguent, effraient ou séduisent. Voici donc dix questions-réponses à une experte pour qui veut y voir plus clair.
Notre experte, Géraldine Culer, est responsable du centre d’esthétique et de formation MakeUp 4 You à Bruxelles. Nous lui avons posé toutes nos questions sur le maquillage permanent.
Le maquillage permanent, c’est quoi exactement?
Maquillage permanent, semi-permanent, tatouage esthétique… Parmi toutes ces appellations, comment s’y retrouver?
“Ces dénominations sont différents termes marketing signifiant en réalité la même chose. Un terme suffirait à les résumer, celui de dermo-pigmentation. La technique consiste à introduire du pigment sous la peau du visage à l’aide d’une aiguille reliée à un appareil composé d’une platine de commande et d’une pièce à main (genre fraise de dentiste) au bout de laquelle se trouve une aiguille de tatouage à usage unique.”
…et le microblading?
“Ancestrale et manuelle, cette technique de dermo-pigmentation est souvent destinée aux sourcils. Elle se pratique à l’aide d’un stylet muni en son extrémité de plusieurs aiguilles d’acupuncture scellées pour former une petite lame. L’outil est trempé dans du pigment et ‘griffe’ superficiellement la peau en dessinant des traits qui ressemblent – à s’y méprendre – à des poils de sourcils.”
Quels sont les actes les plus fréquents?
“Pour les sourcils, le microblading est idéal pour un fini ultra naturel et un tracé ‘poil à poil’. Cependant, on utilise plus souvent un dermographe qui permet une profondeur d’implantation des pigments supérieure mais aussi des effets exclusifs comme le remplissage à effet poudré des sourcils. En réalisant un mouvement de balancier de l’aiguille, on obtient des micropoints appelés ‘dots’. L’accumulation de ces ‘dots’, les uns à côté des autres, va donner l’illusion qu’on a soufflé de la poudre sur la zone.
Pour les yeux, on peut réaliser un trait au ras des cils mais la technique des ‘dots’ est aussi utilisée pour un trait d’eye-liner plus ou moins épais ou plus ou moins artistique, selon la demande. Pour la bouche, la technicienne utilise une aiguille imbibée de pigments et réalise un remplissage de la face des lèvres par de légers mouvements de diagonale, verticale, cercle et aller-retour. En fonction du désir de la cliente, la technicienne remplit la zone pour un effet plus intense ou plus dégradé. Chaque technique s’appelle différemment (Candy lips, Glamour lips…) selon qu’elle remplit plus l’ourlet ou la surface, qu’elle change ou utilise plusieurs couleurs pour un effet ‘bouche mordue’.”
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Le déroulement
Quelles démarches faire avant de passer à l’acte?
“Tout commence par une consultation d’information: la procédure est longuement expliquée à la cliente. Il est indispensable qu’elle comprenne qu’une fois le pigment implanté, son tracé devient quasiment définitif: même si la couleur s’affadit au fil du temps, elle reste toujours un peu sous la peau. Un questionnaire médical doit aussi être rempli avant tout acte pour déterminer s’il existe des contre-indications: grossesse, allaitement, hémophilie, chimiothérapie en cours, prise de certains médicaments (fluidi-fiants sanguins, corticoïdes, Roaccutane…), pathologies de la peau… Nous discutons ensuite de ses envies – dans les limites du réalisable! – et un pré-dessin (sourcils, eye-liner, contour des lèvres…) est réalisé avec une forme et des couleurs en parfaite harmonie avec sa morphologie et sa carnation. Une fois les couleurs et le pré-dessin approuvés, le ‘vrai’ rendez-vous peut être fixé”.
Pendant et après: ça se passe comment?
“Si l’acte est bien fait, il ne doit y avoir ni forte douleur, ni saignement: le seul effet secondaire devrait être un léger gonflement de la zone. En cas d’inconfort, on utilise de la glace pour insensibiliser la zone ou bien on propose à la cliente d’appliquer une crème anesthésiante avant d’arriver. Juste après la procédure, la zone est désinfectée et de la vaseline blanche est conseillée en cas de démangeaisons lors de la cicatrisation. Afin de préserver les pigments, une protection solaire écran total est conseillée sur les zones traitées lors de toute exposition.”
Et les pigments dans tout ça?
“C’est un point crucial. De leur qualité et formulation dépendront le résultat final, la tenue dans le temps et la bonne tolérance de la peau. Des pigments à base d’oxyde de fer deviennent orangés au fil du temps tandis que ceux à base d’oxyde de zinc verdissent. Chez MakeUp 4 You, c’est toute une toute nouvelle génération de pigments cruelty free, véganes et sans métaux lourds, ni parabènes que nous utilisons.”
Le prix
Combien ça coûte?
“Les tarifs sont variables d’une adresse à l’autre mais il n’y a pas de secret, la sécurité et la qualité ont souvent un prix. Se rendre chez une technicien(ne) qui a investi dans de nombreuses formations, qui possède des machines performantes et qui utilise des pigments de qualité est un choix qui coûte sans doute un peu plus cher. En moyenne, comptez de 250 à 450€ pour les sourcils, de 300 à 700€ pour la bouche et de 200 à 450€ pour les yeux.”
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Est-ce vraiment permanent?
Quelle est la durée de tenue optimale?
“Deux à cinq ans avec un dermographe, maximum deux ans avec le microblading, après quoi des retouches sont nécessaires.”
Comment se comportent les tracés avec l’inéluctable affaissement des traits au fil du temps (paupières, arcades, commis-sures des lèvres)?
“Réalisé dans les règles de l’art, le maquillage permanent est un acte d’embellissement et doit être impérativement imperceptible. Logiquement, le vieillissement du tracé sera donc en harmonie avec le vieillissement du visage lui-même.”
Et si on regrette?
“Il faut passer par la case détatouage, manuel ou à la machine. La première option consiste à griffer légèrement la zone à détatouer afin d’y introduire un produit, le plus souvent à base d’acide lactique ou glycolique, qui agit comme une puissante exfoliation-extraction des pigments. Maîtrise et qualité de ces produits sont essentiels au risque de laisser de vilaines cicatrices. La deuxième option est réalisée à l’aide d’un laser que seul un médecin peut utiliser (proposer un laser en institut esthétique est interdit par la loi). Le détatouage a un coût qui peut s’élever jusqu’à 600€.”
Moralité: le conseil “à méditer” s’impose de toute évidence avant de franchir le cap du maquillage permanent.
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