Témoignage: “Mon homme a fait Koh-Lanta”
Nicolas était l’un des candidats de Koh-Lanta 2019. Pendant qu’il jouait les aventuriers aux Fidji, Déborah, sa compagne, et Mathys, leur fils de 4 ans, l’attendaient à Charleroi. Sans le moindre contact pendant deux mois. Si le jeu met les candidats à rude épreuve, leurs proches ne sont pas épargnés…
“Quand Nicolas m’a dit qu’il voulait faire Koh-Lanta, je ne l’ai pas cru. Je savais qu’il était fan de l’émission… mais dans le canapé, devant la télé! Je ne l’imaginais pas s’embarquer pour de vrai dans une telle aventure. Le jour où il s’est inscrit au casting, je n’y ai pas cru davantage. La production reçoit 20 à 25.000 candidatures par an, il n’avait aucune chance d’être pris. Mais un jour, le téléphone a sonné. Nico était convoqué à Paris. Là, j’ai commencé à flipper. Je me suis dit: il est sympa, il est beau gosse, ils vont le prendre. Moi, je ne voulais pas qu’il parte. Nous avions un petit garçon de 3 ans… Comment Mathys allait-il réagir si son papa disparaissait pendant deux mois? Qui allait le conduire à l’école le matin? Qui allait lui lire une histoire pour qu’il s’endorme le soir? Nicolas me disait de ne pas m’inquiéter, qu’on avait nos parents, nos amis, que je serais bien entourée. Je ne le comprenais plus. Nous avions toujours été très fusionnels, c’était un vrai papa poule… Et là, il était prêt à lâcher sa famille pour un jeu télé?
Sujet de friction
La nouvelle est finalement tombée le jour de mon anniversaire: Nico était sélectionné, il partait le mois suivant. Merci pour le cadeau! On n’a pratiquement pas parlé de Koh-Lanta pendant tout ce mois-là… C’était un sujet de friction, c’était inutile. J’ai plutôt essayé de faire un petit travail dans ma tête. Je me suis dit que moi, en tant que maman, je n’aurais jamais fait le choix de partir. Mais je devais accepter que Nicolas ne pense pas comme moi. Ce n’était pas parce qu’il était papa qu’il devait renoncer à ses rêves. J’aurais préféré qu’il ne parte pas, mais je ne pouvais pas l’empêcher de vivre son aventure. Il n’empêche… C’était tendu lorsqu’on s’est retrouvés sur le quai de la gare le jour du départ. Tout le monde pleurait. Puis Nico est monté dans le train, j’ai pris Mathys par la main et on est rentrés à la maison. Dès que Nico est arrivé à Paris, il a dû donner son smartphone à la prod de l’émission et nous n’avons plus eu le moindre contact pendant près de deux mois. Je ne savais pas où il partait, je ne savais pas s’il était bien arrivé. Je ne savais rien. C’était très difficile. Surtout les premiers jours, les premières semaines. On vivait ensemble depuis une dizaine d’années, on a l’habitude de s’appeler cinq fois par jour… J’avais l’impression d’avoir perdu tous mes repères.
Garder le secret
C’était difficile pour moi, mais plus encore pour Mathys. On lui avait dit la vérité: Papa part faire un jeu pour la télé. Mais pour un petit garçon de 4 ans, ça ne veut pas dire grand-chose. Il ne comprenait pas pourquoi son papa avait disparu. Je crois qu’il a eu peur de ne plus jamais le revoir. Peur aussi d’avoir fait quelque chose de mal qui aurait poussé son papa à partir. J’ai essayé de l’occuper. Je lui ai montré des vidéos d’anciennes saisons de Koh-Lanta pour lui expliquer où était Papa. Mais je voyais bien qu’il était triste et perdu. À un moment, il ne voulait plus aller à l’école. Je crois qu’il voulait surtout rester près de moi, ne plus me quitter, de crainte que je disparaisse moi aussi. C’était compliqué. D’autant que je ne pouvais rien dire à personne. Nous étions en octobre-novembre, l’émission ne serait diffusée qu’au printemps suivant et TF1 voulait garder secret le nom des candidats jusque-là. Nico n’avait donc pu dire à personne qu’il partait faire Koh-Lanta. À part son employeur, nos parents et moi, personne n’était au courant. Il fallait garder le silence. À l’école, les instits avaient remarqué que Mathys n’était pas bien. Elles avaient aussi repéré que son papa ne venait plus jamais le déposer le matin comme il en avait l’habitude. Les voisins, les copains… tout le monde se demandait où était Nico mais personne n’osait me poser la question. Les gens étaient un peu gênés, je suppose qu’ils pensaient qu’on était séparés. Et moi, je ne pouvais pas démentir!
Appel nocturne
Cela dit, l’absence de Nicolas a eu un impact très positif sur ma vie: j’ai pris la décision de changer de boulot. Ça faisait un moment que j’en rêvais, mais Nico essayait de me raisonner. On avait un petit garçon à élever, une maison à payer. Quelques jours après son départ, je me suis dit que ça suffisait: j’ai quitté mon job du jour au lendemain. Si Nico avait été là, il m’en aurait dissuadée. Mais comme il n’était pas là, j’ai foncé. Et je n’ai pas eu trop de mal à retrouver un autre emploi dans la foulée. J’étais très impatiente de lui raconter tout cela, mais il allait falloir attendre… Un jour, la prod m’a contactée pour m’annoncer que Nicolas pourrait m’appeler quelques minutes s’il gagnait un jeu de confort. Mathys et moi devions être prêts à répondre entre minuit et 3h du matin. Je n’ai rien dit au petit, je l’ai juste mis à côté de moi dans le lit. Mais le téléphone n’a jamais sonné, et c’était peut-être mieux comme ça. Je ne sais pas comment Nicolas aurait réagi s’il avait entendu pleurer son fils… On s’est retrouvés là où on s’était quittés, sur le quai de la gare de Charleroi, deux mois plus tard. C’était beau comme dans un film. Nicolas avait perdu une quinzaine de kilos, mais il était bien. Heureux de son aventure et heureux de nous retrouver. J’avais peur que cette expérience l’ait changé et qu’il ait du mal à retrouver une vie normale. Je sais que c’est très compliqué pour certains aventuriers, mais ce ne fut pas le cas pour lui. Il est allé voir son médecin, il a veillé à manger correctement pour retrouver son poids et il a repris le boulot quelques jours plus tard.
Peur qu’il craque
Comment s’était passée son aventure? Faisait-il partie des finalistes? Pourrait-il gagner? J’avais envie de savoir, mais il ne voulait rien me dire. J’allais devoir attendre trois mois pour découvrir tout cela à la télé. Ça m’a stressée. J’avais peur de ce que j’allais voir. Nico, c’est quelqu’un de sociable, de gentil, d’empathique. J’avais peur que son image ne soit déformée par l’émission. Là-dessus, j’ai été vite rassurée. Par contre, j’ai découvert dans les premiers épisodes qu’il était déprimé, que son fils lui manquait… J’ai craint qu’il craque, qu’il abandonne. J’aurais été trop déçue pour lui. Mais ce qui m’a fait le plus mal, c’étaient les commentaires sur les réseaux sociaux. Les “Rentre chez toi! Va retrouver ton gamin!” C’était terrible à lire, ça me faisait mal au cœur. Heureusement, Nico s’est accroché. Vous avez vu quand il a été le plus rapide à manger l’œil de barracuda? C’était dégoûtant, mais il l’a fait. Et il a finalement tenu 33 jours – 12 épisodes, jusqu’à être bêtement éliminé sur une épreuve de puzzle.
Au bout de son rêve
Je suis fière de Nicolas. Même si toute cette aventure a été difficile à vivre pour moi, je suis heureuse pour lui qu’il ait été au bout de son rêve. Il a vécu un truc extraordinaire. Tellement extraordinaire qu’il a besoin de rester en contact régulier avec les autres aventuriers pour continuer à échanger. Ils ont tous la nostalgie de Koh-Lanta. Je sais que Nicolas rêve d’y retourner… Si ça devait arriver, je pense que ce serait moins pénible pour Mathys. Il a maintenant bien compris pourquoi Papa était parti. Il joue même à Koh-Lanta avec les copains dans la cour de récré. Par contre, on aimerait agrandir la famille, avoir un petit deuxième… Mais si le téléphone sonne, si la prod invite Nicolas sur un autre Koh-Lanta, pourra-t-il résister à l’envie de repartir?”
Retrouvez la nouvelle saison de Koh-Lanta, l’île des héros tous les vendredis à 21h sur TF1.
Texte: Christine Masuy / Coordination: Stéphanie Ciardiello
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