
Comment répondre aux remarques anti-féministes?
Le féminisme est un sujet difficile à aborder, du moins dans certains milieux ou avec certains profils. Alors comment trouver les mots justes pour souligner l’importance du mouvement? Nos exemples concrets.
Quand on parle de féminisme, d’aucuns pensent encore que le mouvement cherche à promouvoir la domination des femmes dans la société, civile et privée. Un préjugé qu’on doit à une mauvaise interprétation de la définition car être féministe, ce n’est ni plus ni moins que revendiquer “les mêmes droits, les mêmes possibilités de se réaliser et les mêmes chances pour tous”. Et cela passe par l’extension du rôle de la femme dans la société, et de ses droits.
Cela va sans dire, il n’est donc pas question pour les femmes de “prendre le pouvoir”, comme certains s’entêtent à le penser, mais bien de soutenir une égalité des droits et des chances. Voilà un premier élément de réponse.
Lire aussi: 9 podcasts qui calment le mental
Qui sont les anti-féministes?
En 2025, la tendance “anti” gagne du terrain avec en tête de cortège les mouvements masculinistes qui revendiquent la virilité et la supériorité du genre masculin. Dans sa publication sur l’antiféminisme ordinaire, le CVFE (Collectif contre les Violences familiales et l’Exclusion) prête aux anti-féministes une morale conservatrice: “Les femmes sont plus faibles physiquement et émotionnellement, c’est pourquoi elles ont besoin des hommes”. Ultra-féroce aux States, le mouvement “tradwife” (pour “épouse traditionnelle”) prône le retour de la femme mariée au foyer. Et il a déjà fait des petits en Europe…
Les “anti” considèrent que le féminisme n’a pas lieu d’être. Ils s’accommodent des stéréotypes que la société véhicule et entretient. Et en leur sein, il y a des femmes! Ces dernières estiment bien souvent que l’égalité est atteinte et rejettent les choix de vie et les prises de position des féministes qui “parleraient au nom de toutes”.
Comment leur répondre?
On différenciera celles et ceux qui ne se disent pas féministes des “anti”.
- Aux premiers, on rappelle la définition du mouvement pour qu’ils prennent conscience de son importance (et bientôt de rétorquer “Ah oui, c’est logique, je suis pour”).
- Les autres sont des partenaires de débat complexes. Face à eux, ne pas paniquer ou s’énerver.
Dans les deux cas, vous pourriez vous inspirer du manuel Clouez le bec à l’anti-féminisme réalisé par l’asbl belge Garance. On en a extrait quelques bonnes répliques.
“Vous discriminez les hommes”
“Le féminisme est une discrimination envers les hommes!”. Premier argument à la base de ce discours: “Même le mot féminisme ne nous englobe pas”.
Une idée de réponse? “Le terme peut effectivement prêter à confusion, mais à l’heure actuelle, il n’y en n’a pas de meilleur pour désigner la lutte pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. À défaut d’alternative claire, continuons à l’employer”. Dans le fond, vous pouvez essayer de trouver un nom à la cause qui mettrait tout le monde d’accord, mais en attendant de réinventer le dictionnaire, rappelez que le féminisme soutient l’égalité des hommes et des femmes et non la supériorité des unes sur les autres.
“C’était mieux avant”
“Avant, il n’y avait pas tous ces problèmes, ces manifestations… Les femmes ne se plaignaient pas de leur situation et vivaient très bien”.
Une idée de réponse? Il est toujours intéressant de contextualiser d’où l’on vient et le chemin parcouru. C’est ce qu’on appelle le travail de mémoire. Dites par exemple: “Je ne suis pas certaine que c’était mieux avant. Faire évoluer la société était (et est encore) nécessaire. Plusieurs changements ont eu lieu afin d’améliorer le statut de la femme, notamment en 1948, lorsqu’elles ont obtenu le droit de vote, ou en 58, lorsque le devoir d’obéissance a été retiré du Code Civil. Jusque-là, la femme mariée avait le même statut… qu’un enfant. Elle devait demander l’autorisation pour ouvrir un compte en banque, et ce même si elle percevait des revenus”.
“C’est pire ailleurs”
“Que des femmes en Afghanistan se battent pour leurs droits, je comprends. Mais en Belgique, vous n’avez pas à vous plaindre”.
Une idée de réponse? Dans ce cas, dénoncez l’incohérence du propos. Effectivement, tous les pays avancent à des rythmes différents, mais soyons de ceux qui font changer les mentalités afin que d’autres prennent exemple sur nous. C’est notamment notre cas par rapport aux pays du Nord de l’Europe (Island, Norvège, Suède, Finlande), bien plus à la page. Vous pourriez simplement répondre: “Ce n’est pas parce que la situation est pire ailleurs que je dois tout accepter ici”.
“On est déjà égaux”
“En Belgique, on a les mêmes droits, qu’on soit un homme ou une femme”. Ou le célèbre “Vous exagérez”.
Une idée de réponse? On est en bon chemin, oui, mais cela ne signifie pas que l’égalité soit acquise et que le combat doit s’arrêter. Dites: “Effectivement, nous avons la même égalité de droit, mais pas la même égalité de fait. Les femmes sont plus souvent victimes d’agressions sexuelles, de féminicides, elles gagnent moins, sont plus touchées par le plafond de verre, les temps partiels, elles entreprennent davantage de tâches domestiques, leur charge mentale explose…”. Un retour factuel qui fait du bien.
“Tu es biologiquement prédisposée”
“Je n’ai pas entendu bébé pleurer car je n’ai pas ton instinct”. Ah le bon vieil instinct maternel qui permet à certains pères de se dédouaner.
Une idée de réponse? “Je ne peux pas cautionner l’idée que ma biologie me prédétermine à entendre un bébé pleurer la nuit, à sentir quand il a fait caca, à remarquer quand il a faim… On est tous constitués de la même façon”.
Il est trop facile de fuir ses responsabilités sous prétexte que biologiquement parlant, les hommes et les femmes sont différents. Dans Homme-Femme, avons-nous le même cerveau?, la neurobiologiste Catherine Vidal rappelle que nous ne naissons qu’avec 10 % de connexions cérébrales. Le reste, nous le construisons grâce à notre éducation, notre environnement… Tout est donc à acquérir! Offrez ce bouquin à un homme/père qui en doute.
“Je me sens exclu/attaqué”
“Lors de rassemblements ou de manifestations féministes, peu de place est accordée aux hommes, j’ai vraiment l’impression que nous sommes les mauvais”.
Une idée de réponse? L’asbl Garance propose de poser un argument de substitution: on remplace un type d’oppression par un autre qui n’a rien avoir avec le droit des femmes. Dites: “Tu te sens visé parce que ces rassemblements sont parfois non mixtes (ou que plus de femmes y participent). Pourtant, tu ne te plains pas si des personnes LGBTQIA+ ou des sans-papiers organisent des réunions entre elles”.
Pour aller plus loin
Plongez-vous aussi dans les documents et analyses de l’Université des Femmes: www.universitedesfemmes.be.
Vous aimerez aussi:
Recettes, mode, déco, sexo, astro: suivez nos actus sur Facebook et Instagram. En exclu: nos derniers articles via mail.