Belgique: quel héritage a laissé mai 68 pour les femmes?
Les révoltes de mai 68 ont bousculé l’ordre établi partout dans le monde. Comment ont-elles débuté en Belgique? Quel était le rôle des femmes durant cette période? Et quel héritage a laissé mai 68 pour les femmes? Professeure d’histoire à l’ULB, Valérie Piette nous aide à formuler des réponses à ces questions.
Le 12 mai 1968, la grande comédienne et chanteuse grecque Melína Mercoúri anime un meeting à l’ULB, dans l’auditoire Janson, pour protester contre la dictature des colonels instaurée en Grèce en 1967. En Belgique, ce sera l’élément déclencheur des événements de mai 68. Comme partout à travers le monde (en France, mais aussi aux Etats-Unis, au Mexique, au Japon…), les jeunes se révoltent contre le pouvoir autoritaire, ils veulent une démocratie participative. Cela se traduit à Bruxelles par l’occupation des locaux de l’université, avec la même tension (cependant sans doute moins violente) qu’à Paris, et cela s’étend au Palais des Beaux-Arts, à l’Université de Liège… La différence avec les évènements parisiens repose sur l’absence de mouvement contestataire de la part de la classe ouvrière, nous rappelle Valérie Piette, professeure d’histoire à l’ULB.
Mai 68 n’est pas synonyme d’émancipation des femmes
Contrairement aux idées reçues, mai 68 ne va pas bouleverser les moeurs ou modifier le statut de la femme. Comme l’explique l’historienne Valérie Piette, à l’époque, il y a une vision très genrée du travail de militant: les femmes s’occupent des repas et de l’intendance, tandis que les hommes prennent la parole et dirigent le mouvement. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’histoire n’a retenu que le nom des hommes; les femmes étaient bien entendu présentes durant les évènements, mais elles n’ont pratiquement pas pris la parole dans l’espace public. Ainsi, en 1968, l’émancipation des femmes n’est pas encore à l’ordre du jour.
Le néo-féminisme en héritage
Si l’oppression des femmes n’est pas au centre des discours de mai 68, les évènements de cette année permettront néanmoins la construction d’un néo-féminisme. Ce féminisme dit de la deuxième vague apparaîtra à partir de 1970, après deux années de maturation. Imprégné de l’esprit révolutionnaire qui caractérise la jeunesse contestataire, le mouvement pour la libération des femmes voit le jour, ainsi que le mouvement homosexuel et d’autres mouvements représentant diverses minorités.
Mai 68 et l’histoire vous intéressent? Ces articles sont pour vous
- Vidéo: à quoi aurait ressemblé mai 68 avec la technologie de 2018?
- Mai 68, c’était il y a 50 ans
- Sourire 58: la bande dessinée qui nous fait (re)vivre l’Expo 58
Pour être au courant de toutes nos astuces mode, beauté, cuisine et l’actualité, suivez-nous sur notre page Facebook, nos comptes Instagram et Pinterest, ou inscrivez-vous à notre newsletter.