Instagram, une source de bonheur, mais pas que…
Instagram, une source de bonheur, mais pas que… © Maddi Bazzocco/Unsplash

“J’ai quitté Instagram, je vais mieux depuis”

Après 8 ans de bons et loyaux services, Lucie a quitté Insta, ce réseau qu’elle aimait tant, mais auquel elle était devenue accro. Bye les amis, il faut partir pour moins déprimer.

C’est peut-être un détail pour vous, mais pour elle, ça veut dire beaucoup. Lucie, 34 ans, a déserté Instagram en janvier 2022 et n’y a plus remis les pieds. “Ça devait durer une semaine, le temps de respirer un peu. Là, ça fait 18 mois et je constate que ça a clairement amélioré ma santé mentale”. La démarche naît d’un besoin de se ressourcer, de moins se comparer: “Je sentais que ce n’était pas très bon pour moi. J’avais comme l’impression de perdre le contrôle”.

Même si tu aimes ce que tu as et qui tu es, tu es confronté au fait que ce n’est pas assez

Car pour Lucie, Instagram pousse insidieusement à la comparaison: “Au fait, j’aime ma vie, j’aime vraiment où j’en suis, je suis heureuse en couple, j’adore mon appart’, j’ai la chance de partir en voyage chaque année… Pour autant, le réseau me rappelait constamment que je n’avais pas franchi telle ou telle étape. J’ai 34 ans, je ne suis pas propriétaire, je ne suis pas mariée, je n’ai pas de bébé, et je bosse du lundi au vendredi”. Lucie a l’impression de vivre un quotidien basique, et ça participe à sa déprime.

Heureuse, mais pas suffisamment

Pour elle, cette dualité est sans doute ce qu’il y a de plus difficile à appréhender, et à expliquer: “Disons que même si tu aimes ce que tu as et qui tu es, tu es confronté au fait que ce n’est pas assez, que d’autres ont plus. Parce que sur Instagram, il y en a toujours plus. J’avais beau savoir que l’appli ne montre pas tout (le fameux Instagram vs reality, ndlr), j’avais beau avoir le recul et la maturité pour faire la différence, j’étais sans cesse heurtée par ce défilé de vies de rêve auxquelles je n’avais pas accès”.

La détox: plus simple qu’imaginé

Le déclic a lieu un lundi en fin d’après-midi. “J’étais KO, je n’avais envie de rien, alors j’ai scrollé… La solution facile! Ce soir-là, j’ai surfé pendant 2-3 heures, sans y trouver de plaisir. J’engloutissais du contenu qui ne m’intéressait pas, et je n’arrivais pas à arrêter. Au début, tu consommes les actus de tes amis, puis, tu étends à un réseau un peu plus large, les amis d’amis, les blogueurs… Mais dans le fond, tu as vite fait le tour de ce qui t’intéresse vraiment”.

J’avais l’impression de courir après ce que quelqu’un me disait de faire. L’impression d’être un pion!

Lucie coupe le cordon le lendemain matin, et rassure d’emblée ceux qui aimeraient s’y risquer: “Autant Instagram est addictif, autant on se déshabitue très vite. Je ne pensais pas tenir une semaine, j’ai lutté un peu en semaine 2 et 3, mais après ce cap, c’était déjà derrière moi”.

L’enfer pour une perfectionniste

Sur Instagram, Lucie scrolle, mais elle poste aussi. Et à l’époque, ça lui prend “un temps bête”: “J’adore la photo, j’en fait depuis mes 15 ans, mais j’étais trop perfectionniste, du genre à retoucher un cliché sans fin, à m’assurer que tout soit parfait avant de publier. Poster devenait limite un défi”. Ce n’est pas tant le like qui intéresse la jeune femme, mais elle n’y est pas indifférente non plus: “Disons que vu que j’étais fière de mes photos, que je les trouvais jolies, j’aimais me dire que certains les voyais. Un peu comme quand tu t’habilles bien, tu le fais pour toi d’abord, mais si c’est vu, c’est un plus”. 

Les nouvelles fonctionnalités que propose le réseau lui mettent également la pression: “Au début, l’idée était juste de partager des albums souvenirs, sans trop réfléchir. Mais aujourd’hui, pour suivre le mouvement, on devrait publier des vidéos, des lives, faire des montages… J’avais l’impression de courir après ce que quelqu’un me disait de faire. L’impression d’être un pion”.

Un petit tour et puis s’en vont

Lucie s’est reconnectée quelques fois depuis janvier 2022, “le temps de me rendre compte que les 600 personnes que je suivais ne m’avait pas manqué. En deux minutes, j’apprenais qu’une connaissance était enceinte, que l’autre se mariait, qu’une troisième était en vacances au Mexique. Instantanément, ça m’a fait me sentir mal. Une connexion express et j’avais à nouveau l’impression que ma vie était nulle. J’ai refait un tri dans mes contacts et je me suis déconnectée”.

Ils en pensent quoi, “les autres”, d’ailleurs? “Beaucoup trouvent étrange que je ne sois pas sur les réseaux et, à titre général, qu’on ait envie de quitter Instagram. J’en sens certains se vexer, parfois, comme si je leur disais tacitement ‘ce que tu as fait ce week-end ne m’intéresse pas’. Alors qu’on est loin de ça. D’autres me demandent si je fais toujours des photos, comme si ma passion avait disparu avec mon profil. J’ai trouvé ailleurs des moyens d’organiser, de créer, de faire de jolies choses”.


Quitter Instagram: les 4 conseils de Lucie

À la question “Retourner sur Insta, c’est dans tes plans secrets?”, Lucie répond non: “Je n’en ressens pas le besoin. Je n’ai ni envie de voir ni d’être vue”. Dans le cas d’une perte de confiance en soi, elle conseille une déconnexion du réseau “juste pour voir ce que ça fait”. En appliquant quelques conseils…

1. Ne pas se projeter

“Si je m’étais obligée à tenir X mois, j’aurais été dans la frustration. Aussi, ne supprimez pas votre compte si vous tenez à vos souvenirs, vous pouvez simplement vous déconnecter. C’est ce que j’ai fait, avec l’idée que je pourrais y revenir un jour, et cette liberté m’a donné envie de poursuivre l’expérience. Un peu comme dans le cas d’un régime, si tu t’interdis de manger un Mars, tu en rêves forcément”. De la même manière, Lucie n’a pas dit à son entourage qu’elle quittait le réseau, jugeant inutile d’en faire un statement.

2. Se réapproprier son temps

“J’essaie de faire des activités manuelles: j’écris, je range, je fais des albums, des pâtisseries le week-end, et je me suis remise au piano. J’ai bien gagné une heure par jour!”.

3. Accepter qu’on a besoin de son téléphone

“C’est Instagram que vous quittez, pas votre smartphone. Je passe encore du temps sur mon téléphone dans les transports, pour retoucher des photos, notamment… Sur ordi, je joue aux SIMS, j’ai construit une ville entière. Je ne m’empêche pas d’y jouer car je prends un vrai plaisir à créer, à élaborer. Je construis des maisons, pas aussi belles que sur TikTok, mais il y a des bars et des piscines!”.

4. Essayer la pleine conscience

“Avant, je scrollais même devant la télé, j’avais toujours mon téléphone en main, et ça, c’est purement physique comme manque. Pour rester ancrée devant une série, je dois occuper mes mains, alors je chipote avec un élastique… Et quand l’envie de scroller vient me titiller, je change de pièce et de tâche”.

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